En l’an 6 de l’Hégire, Rasulullah (sallallahu ‘alayhi wasallam) partit avec ses compagnons pour La Mecque afin d’accomplir la ‘umra. Les Qurayshites entendirent la nouvelle et décidèrent de l’empêcher d’entrer à La Mecque, même en tant que pèlerin, et il dut donc camper à Houdaybiyah. Les compagnons dévoués, au nombre de 1400, voulaient cependant entrer, même si cela impliquait un combat ouvert. Mais Rasulullah (sallallahu ‘alayhi wasallam) voyait la chose différemment et, malgré l’empressement des compagnons à se battre, il conclut un traité avec les Qurayshites, acceptant pleinement leurs conditions.
Cette trêve unilatérale et apparemment peu gracieuse fut une pilule très amère à avaler pour les compagnons, mais leur dévotion à Rasulullah (sallallahu ‘alayhi wasallam) ne leur permit pas de différer, et même un homme aussi courageux que ‘Umar (radiyallahu ‘anhu) ne pouvait que se soumettre à sa décision. Selon l’un des articles du traité, les personnes embrassant l’islam pendant la période de trêve devaient être renvoyées, mais pas les déserteurs des musulmans vers les Qurayshites.
Abou Jandal (radiyallahu ‘anhu), un musulman de la Mecque, était en proie à de grandes persécutions de la part des Qurayshites. Ils le tenaient constamment enchaîné. Lorsqu’il apprit l’arrivée du Prophète (sallallahu ‘alayhi wasallam) à Hudaybiyah, il s’échappa d’une manière ou d’une autre et réussit à rejoindre le camp musulman au moment où la trêve était sur le point d’être signée. Son père, Suhayl (jusqu’alors non musulman) était l’envoyé des Qurayshites dans les négociations pour la trêve. Il gifla Abou Jandal (radiyallahu ‘anhu) et insista pour le ramener à la Mecque. Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wasallam) lui dit que, puisque la trêve n’avait pas encore été écrite, elle ne s’appliquait pas au cas d’Abou Jandal. Suhayl, cependant, ne voulut écouter aucun argument et ne fut pas disposé à laisser son fils aux musulmans, même à la demande personnelle du Prophète (sallallahu alayhi wasallam), et aurait même renoncé à la trêve. Abû Jandal (radiyallahu alayhi wasallam) raconta ses difficultés et se plaignit à tue-tête, mais, au grand dam des Compagnons, le Prophète (sallallahu alayhi wasallam) accepta son retour. Il lui enjoignit cependant d’être patient en lui disant : « Ne perds pas espoir, Abû Jandal, Allah ta’ala t’ouvrira bientôt une voie de sortie. »
Après la signature de la trêve et le retour du Prophète (sallallahu alayhi wasallam) à Médine, un autre musulman mecquois, Abu Başır (radiyallahu ‘anhu), s’enfuit à Médine et rechercha la protection du Prophète (sallallahu alayhi wasallam). Le Prophète (sallallahu alayhi wasallam) refusa d’accéder à ses demandes et, par déférence aux conditions de la trêve, le livra aux deux personnes qui avaient été envoyées par les Quraysh pour le réclamer. Il lui conseilla cependant, comme il avait conseillé à Abu Jandal (radiyallahu ‘anhu), d’être patient et d’attendre l’aide du Prophète (sallallahu alayhi wasallam).
Allah Ta’ala. Alors qu’Abou Basir et son escorte retournaient à La Mecque, Abou Basir (radiyallahu ‘anhu) dit à l’un d’eux : « Mon ami, ton épée est très belle. » L’homme fut flatté et la sortit de son fourreau et dit : « Oui, elle est vraiment très belle, et je l’ai essayée sur de nombreuses personnes. Tu peux y jeter un œil. »
Il fit la plus grande bêtise en donnant l’épée à Abou Başır (radiyallahu ‘anhu), qui l’essaya immédiatement sur son propriétaire et le tua. L’autre homme s’enfuit et arriva à Médine pour se plaindre auprès du Prophète (sallallahu ‘alayhi wasallam). Entre-temps, Abou Başır (radiyallahu ‘anhu) arriva également. Il dit au Prophète (sallallahu ‘alayhi wasallam) : « Ô Prophète d’Allah Ta’ala , tu m’as rendu une fois et tu as rempli les conditions du pacte de paix. Je n’avais aucune obligation et j’ai réussi à leur échapper par cette ruse, car j’avais peur qu’ils me forcent à quitter l’islam. »
Le Prophète (sallallahu alayhi wasallam) dit : « C’est un fauteur de guerre. J’aimerais qu’on l’aide. » Abû Basîr (radiyallahu ‘anhu) comprit de cela qu’il serait de nouveau rendu aux Qurayshites quand ils le réclameraient. Il quitta donc Médine et s’enfuit dans un endroit du désert au bord de la mer. Abû Jandal (radiyallahu ‘anhu) réussit également à s’échapper et le rejoignit là-bas. D’autres musulmans de La Mecque le suivirent et, en quelques jours, un tout petit groupe de ces compagnons se rassembla dans le désert. Ils durent endurer d’indicibles souffrances dans le désert, où il n’y avait ni habitation ni végétation. Cependant, n’étant liés par aucun traité, ils se montrèrent une grande nuisance pour les Qurayshites en portant coup sur coup à leurs caravanes qui passaient par là. Cela poussa les Quraishites à se rapprocher de Rasulullah (sallallahu ‘alayhi wasallam) et à lui demander d’intervenir et de les appeler à Médine, afin qu’ils puissent respecter les termes du traité, comme les autres musulmans, et que les caravanes puissent passer en toute sécurité. On dit qu’Abou Başır (radiyallahu ‘anhu) était sur son lit de mort lorsque la lettre envoyée par Rasulullah (sallallahu ‘alayhi wasallam) autorisant leur retour à Médine leur parvint. Il mourut alors qu’il tenait la lettre de Rasulullah dans sa main.
Remarque: Aucune force sur terre ne peut faire renoncer une personne à sa foi, à condition qu’elle soit authentique. De plus, Allah ta’ala a donné une assurance pour aider ceux qui sont de vrais musulmans.